Boijing

Attentif
Curieux
Sage
Aveugle
Contemplatif
Excentrique

Caractère et Physique

La première chose que vous remarquerez en le voyant, se sera son regard. Ces yeux aveugle semblent perpétuellement à la recherche d'un horizon a contempler, ou, pour les plus imaginatifs, peut-être aurez-vous l'impression que son regard vide de lumière contemple des choses invisibles à vos yeux intactes.

La deuxième chose que vous remarquerez sera son sourire. Paisible et joyeux, trahissant une confiance en l'autre qui pourrait s'apparenter à de la naïveté et qui cache un esprit aiguisé qui ne manque pas de réparti ni, parfois, de ruse lorsqu'il y est contraint. Il est le premier à plaisanter sur sa cécité, ne manquant ni d'humour ni d'auto dérision.

Lorsqu'il médite, Boijing dégage une sensation à la fois de sérénité et de fragilité. Serein grâce à sa Foi (foi qui mérité largement un F majuscule tant elle est forte en lui), depuis son exil, ces croyances rejoignent beaucoup celle du Clan des montagnes concernant la Nature et les éléments, que chaque chose à une raison, chaque action sert un plus grand dessein qui nous échappe. Fragile à cause de son handicap. Sa cécité en fait un piètre chasseur, même s'il sait poser des pièges rudimentaires, il lui arrive souvent de les retrouver vide et, par conséquent, de dépendre des 'offrandes' laissés par ceux demandant des conseils. Il est maigre, au point de flotter dans ces vêtements. Vêtements qui ont connu des jours meilleurs et on perdu en grande partie leur couleur d'origine à cause de la poussière et de la boue.

Malgré un rythme de vie précaire, Boijing reste toujours aussi souriant. Optimiste, il verra toujours les bons côtés dans les situations alarmantes, comme il ne se plaindra jamais de ces ennuis. Sa cécité lui a permis d'être attentif autant aux autres qu'à ce qui l'entoure, chose qu'il négligeait du temps où il était encore capable de voir. Il possède peu et pourtant, il n'hésitera pas à partager ces maigres possessions. De la même manière, il ne refusera jamais de rendre service. Sa générosité s'applique à sa propre vie qu'il n'hésitera pas à mettre en danger lorsqu'il s'agit d'aider les autres. À  cause de sa manière de formuler ces conseils, on lui colle facilement l'étiquette d'excentrique. De même que son calme, sa patience est à toute épreuve. Boijing aime la simplicité de sa vie, les seuls objets auquel il tient véritablement sont le bâton lui permettant de se guider (dont le bout est renforcer en métal pour s'en servir comme d'une arme si la situation l'exige) et une amulette de son clan qu'il porte en collier, seul trace qu'il garde de son passé.

Boijing est très croyant et s'intéresse beaucoup aux rites des autres clans. Bien qu'il ait ces propres croyances, il est tolérant envers celle des autres. Il a un grand respect envers les rites et les fêtes. Il connaît ceux des autres clans aussi bien que celle de son peuple d'origine.

| 54 ans -Naatù (ancien Rajàhor) - Chaman/Ermite |

Mon histoire :

Certaines choses peuvent sembler acquises. Marcher. Manger à sa faim. Voir. Tout cela semble tellement évident qu'il ne vient pas un seul instant à l'esprit que ces détails formant le quotidien, qu'on pense être éternelles, peuvent vous être brutalement enlevé. Surtout, quand on est jeune. Boijing ne faisait pas exception à cette généralité.

Sa mère lui avait raconté de nombreuses fois les circonstances de sa naissance. L'accouchement avait été si difficile que son père avait cru perdre à la fois sa femme et le bébé à naître. Pourtant, le chaman avait joint ces forces au guérisseur et le miracle avait eu lieu : deux vies sauvées là où on redoutait deux morts. Le bébé trop faible pour pleurer avait les yeux grand ouvert sur le monde comme s'il voulait en savourer chaque détail en ayant pleinement conscience de la fragilité de sa vie. En voyant cela, le chaman avait déclaré que "si l'enfant survit jusqu'à atteindre sa douzième année, j'en ferais mon apprenti". Dès lors son avenir semblait tracé. Lui, simple bébé, n'avait pas son mot à dire. Ses parents, trop heureux et reconnaissants du miracle accompli ne protestèrent pas d'avantage. Cette histoire, l'enfant grandissant qu'il était la connaissait par coeur. Elle sonnait comme autant de tentatives de lui faire accepter le destin qui était tracé pour lui plutôt que d'en convoiter un autre. Quel privilège d'avoir été choisi, semblait-on lui dire. Malgré tout, Boijing ne pouvait s'empêcher de rêver d'une autre possibilité d'avenir, une vie composée de batailles. Il entendait les récits des guerres entre les clans colportés par les autres marchands ou les survivants. Des héros empêchant que les conflits ne viennent troubler la quiétude de leur clan, relativement épargner dans le désert. Il avait du mal à voir l'apprentissage qui l'attendait comme un honneur. N'importe quelle autre place dans le clan semblait plus excitante et utile que celle qu'on lui destinait. Pisteur, chasseur, guerrier, sentinelle, il y avait tant d'autres possibilités, pourquoi cette décision ne lui appartenait-elle pas ? Après tout, il s'agissait de sa vie.

Cela fit naître un profond sentiment d'injustice en lui. Il concentra tous ces efforts à prouver qu'il était fait pour devenir guerrier et non chaman. Il était trop jeune pour tenir une épée ? Et bien, il s'entraînerait à manier le bâton ! Seul à l'abri des regards ou en jouant avec les enfants de son âge qui nourrissait les mêmes ambitions que lui, il s'entraînait jusqu'à épuisement, chaque jour. Pourtant, le résultat de ces efforts n'obtenait que des remontrances de la part de ces parents, comme s'il s'agissait d'enfantillage puéril. Le pire fut à l'âge de ces douze ans, lors du rituel du passage à l'âge adulte. Boijing, a force d'essai et de persévérance, avait réussit à dompter un herbivore. Il était revenu, débordant de fierté et était tomber de haut en voyant la réaction de ces parents. Le visage de sa mère n'était qu'irritation tandis que son père lui fit, en privé, un sermon mémorable. Pourquoi ? Il n'avait fait que suivre le rite de leur clan et son père le traitait comme s'il avait commis un crime.

"Heureusement, ton apprentissage commence demain." Avait dit son père en guise de conclusion face aux protestations de son fils. Boijing fut profondément blessé par cette phrase qui lui donnait l'impression d'être une corvée dont on allait enfin pouvoir se débarrasser.

Ainsi, commença sa nouvelle vie. Boijing se montra un élève réticent et boudeur face à la patience extraordinaire du chaman. Le garçon apprenait, de mauvaises grâces, tout ce qu'il y avait à savoir. L'accompagnement spirituel, les rituels, le soutien au guérisseur, tout cela n'eut plus aucun secret pour lui. Avec les années, il finit par admettre que ce rôle n'était pas aussi inutile qu'il l'avait pensé au départ, même s'il continuait d'être persuadé de n'être pas fait pour l'exercer. D'ailleurs, il continuait de s'entraîner en secret. La moindre minute de temps libre y était consacrée. Le jeune homme continuait à espérer d'avoir sa chance de montrer sa valeur au combat. Un rêve qui le faisait secrètement espérer que les conflits allaient toucher leur clan avant que le remords ne le tiraille de formuler mentalement pareille espérance.

Cette occasion arriva alors qu'il était âgé de 44 ans. Il avait pris la relève de son maître depuis un an. Son coeur était partagé entre la tristesse de cette perte et le sentiment de liberté qui découlait d'endosser le rôle pour lequel il avait été élevé. Enfin, il allait pouvoir mener sa vie comme il l'entendait, sans être jugé ou repris dans son comportement ! Se fut cette liberté qui lui fit choisir la voie de l'égoïsme plutôt que celle de la prudence alors que les conflits menaçaient de les toucher. Au lieu de prêcher auprès du chef du clan pour un repli qui permettrait de s'éloigner de la zone de guerre, Boijing proposa d'accompagner les guerriers au combat. Un sourire marquait ces lèvres tandis qu'il en reçut l'autorisation. Enfin, le moment pour lequel il s'était préparé toute sa vie allait arriver ! Il allait, enfin, faire ces preuves !

Il déchanta dès les premiers instants sur le champ de bataille. Loin de l'héroïsme des récits ou de la quiétude des entraînements solitaires, aucun temps n'était permis à la réflexion ou aux grandes actions. Il se défendait, parait, attaquait, encaissait, tout n'était que confusion, cri et douleur, puis tout devint noir. Des ténèbres qui demeurèrent alors que Boijing reprit connaissance. Il hoqueta en cherchant à la fois à reprendre son souffle et ses esprits, son corps n'était que douleur. Quelque chose était posé sur ses yeux et l'odeur des baumes de soin emplissait ces narines. Une pointe d'espoir naquit. Oui, c'était certainement à cause de cela que tout était si sombre. Espoir qui fut étouffé lorsqu'il enleva vivement le tissu posé sur ces yeux. Seulement l'obscurité l'accueillait alors que ces yeux privés à présent de lumière cherchaient désespérément un point auquel se raccrocher. Avant qu'il ne puisse se redresser, une main réconfortante se posa sur son épaule, l'incitant au calme et à rester allonger.

Le guérisseur lui expliqua ce qui s'était passé ainsi que pour ces blessures. Boijing écouta en silence, accusant le coup. Il avait perdu la vue, mais il avait perdu tellement de choses, sa monture, ces amis, que cela semblait, sur le moment, un détail insignifiant dans le flot d'informations à encaisser. Tous ces morts, à cause de son obstination pour prouver quelque chose... Il se sentait aussi bien détruit physiquement que mentalement, comme une âme à la dérive. Une pensée le traversa, une pensée qui l'empêcha de sombrer. "Le rituel." Finit-il par dire. Les deux mots avaient été soufflés, au point que son sauveur lui demanda de répéter. "Le rituel funéraire." Dit-il avec un peu plus de force. "A-t-il était fait ?" La réponse fut hésitante mais négative. "Alors guide moi." Déclara-t-il en se forçant à se redresser. La détermination dominait le chagrin.

Avec des gestes hésitants, il fit son devoir. Tant de morts à brûler. Un silence pesant régnait tout du long. Boijing y trouva une certaine quiétude au-delà de la tristesse et du remords. Pour la première fois, il se sentait à sa place, faire ce qu'il devait faire. Plus d'injustice dans son coeur, plus de frustration ou de rêve impossible, il comprenait enfin. Cette paix intérieure s'était faite au prix de ces yeux et il l'accepta. Peu de temps après, la paix fut déclaré, ironie qui semblait souligner la futilité de la bataille qui avait bousculer sa vie. Cela aussi, il l'accepta.

Les jours s'écoulèrent sans qu'aucun trouble ne vienne perturber le calme. Boijing assumait pleinement son rôle de chaman et consacrait l'ancien temps passé à s'entraîner dans la méditation ou dans l'apprentissage de s'accoutumer à sa cécité. Un nouveau remord naquit dans son coeur avec le temps. Les autres étaient si patients avec lui, mais il s'en voulait d'être un poids pour eu en bien des occasions, même si aucune remarque ne fut clairement dite, il le sentait. À son tour, il forma un apprenti et lorsqu'il n'eut plus rien à lui apprendre, il partit en emportant juste assez d'eau et de nourriture pour le voyage.

Boijing voyagea beaucoup, quittant le désert pour atteindre la forêt. Un jour, il tomba malencontreusement dans un piège qui provoqua sa rencontre avec un groupe de dissident. Précisément le jour où il avait fini les maigres vivres emportés. Le chaman y vit un signe. Il écouta avec attention, avant de demander. "Vous êtes perdu ?" Ce qui fit rire le chef de cette petite bande. Oui, il avait de quoi rire. "Si, vous êtes perdu. Spirituellement." Affirma l'aveugle. Et, en effet, ils étaient sans attache, certains étaient nés dissident, d'autre avait choisit l'exil comme lui, d'autre encore avait été banni pour des raisons variés, tous avait en commun cette errance spirituelle comme s'ils étaient une barque sans amarre, libre, mais sans port auquel s'accrocher hormis leur communauté, comme lui lorsqu'il avait perdu la vue.

Il aida et apprit beaucoup au contact de ce groupe si singulier, notamment à faire des pièges rudimentaires. L'aveugle les suivit jusqu'aux montagnes et leur chemin se sépara. Boijing ne voulait pas être de nouveau un poids pour ces nouveaux amis. "Si vous avez besoin d'un chaman, je serais toujours là." Promit-il. Promesse qui s'appliquait à tous ceux qui croisait sa route ou venait le voir.

Voilà neuf ans qu'il vit ainsi en ermite. Changeant de tanière selon les saisons, aidant ceux qu'il pouvait, méditant le reste du temps. Parfois, on lui donnait à manger en guise de reconnaissance, parfois, on ne lui donnait rien d'autre qu'un merci et, en certaines occasions, on lui prenait bien plus qu'il ne donnait en retour. Boijing ne s'en offusquait jamais. Ainsi allait les choses. Les dissidents n'étaient pas des tendres, ce n'était pas une raison suffisante pour refuser de tendre la main vers ceux dans le besoin. Tout se passe pour une raison, même si cette dernière échappe à notre esprit. Il en va de même pour les rumeurs concernant un oiseau de fer et ces étranges occupants, il en est persuadé. Était-ce pour vivre ce grand événement qu'il avait survécut jusqu'à présent ? Le chaman était curieux de le savoir.

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