Le bruit des vagues qui éclatent sur la coque du bateau. Le vent qui fait claquer les voiles contre le bois des mâts et les cordes qui s’échappent des mains. Tous hurlent pour se faire entendre à travers cette tempête qui a surgit soudain comme un pressage au même moment où la seule femme du bateau avait perdu les eaux. « S’il survie à cette tempête, cet enfant sera encore plus fort et robuste que son père ! » Avait craché tout en riant aux éclats le capitaine du navire, laissant sa femme accoucher seule, ne pouvant lâcher sa barre en pleine tempête. L’enfant avait mis des heures à venir, épuisant sa mère dès son premier jour au monde. Et lorsque il avait fini dans les bras du capitaine, il hurlait à la mort, aussi fort que le ciel. Pour se faire entendre, nu comme un ver, son père le présentant à tout l’équipage du navire qui s’était arrêté pour à présent crier d’une seule voix la bienvenue à l’héritier tant attendu.

Dire que l’enfant savait tenir une barre avant même de marcher était peu dire ! Ce gamin n’avait toujours connu que ça. Il tenait mieux sur ses jambes sur un sol en mouvement, au gré des vagues, que sur la terre ferme. Pourtant il avait l’âme d’un explorateur. Il voulait découvrir le monde même haut comme trois pommes ! Taille qu’il ne garda pas bien longtemps puisque très tôt, son père avait su qu’avant même de devenir un homme il le dépasserait de plusieurs têtes. Ce père lui appris tout ce qu’il avait à savoir, sur la navigation, mais aussi sur la piraterie. Et il n’avait point le droit à des traitements de faveur sous prétexte qu’il était le fils du capitaine. Il n’en voulait pas non plus. Il voulait faire ses preuves en étant lui-même et non le fils de. C’est de cette façon qu’il avait commencé l’entrainement, dès que son bras fut assez fort pour tenir lance et harpons. Mais là où il était le plus doué, était indéniablement l’épée. Sa richesse c’était faite au cours des voyages de son père. De ses rencontres. De ses adversaires. Mais aussi de ses erreurs. Il l’avait appris à ses dépens le jour où il avait rencontré cette petite tête blonde. Plus petite que lui, plus chétive. Elle était une fille et selon son idée à lui et inculqué par son père. Elle était plus faible que lui. Il s’était bien trompé ! Elle lui avait mis une raclée monumentale, non pas en usant de sa force, mais de sa ruse. Ce jour-là il changeât ! Il apprit sa leçon pour l’avenir. Les femmes même dans un corps de fillette, n’étaient pas si faibles que ce qu’on avait voulu lui faire croire toute sa vie. Et qu’il lui fallait apprendre à réfléchir avant d’agir. Cette fillette sans le savoir, avait fait de lui le grand capitaine qu’il allait devenir. Shorka. Jamais il n’oublierait ce prénom.

La vie avait fait de lui un homme. Comme tout Orcitàn, il avait passé le rite du passage à l’âge adulte. La lance n’étant pas son point fort, il avait travaillé sans relâche pour réussir ce passage important et pouvoir enfin avoir son nom propre aux yeux de son clan. Mais quelques jours après, alors qu’il était en pleine mer. Sa mère succomba. Son cœur s’était arrêté d’une façon si soudaine, que tout le navire s’était retrouvé désemparé. Non seulement parce que la femme du capitaine était morte, mais parce que la flotte venait de perdre sa seule façon de survivre dans ses eaux ! Ils avaient perdu leur Orcëtii. A ce moment-là, il avait vu une facette de son père, qu’il n’avait jamais soupçonné. Celui-ci pleurant la mort de sa femme avait alors délaissé totalement les commandes de son navire. Sandor avait alors été désigné tout naturellement pour prendre les commandes du navire, le temps que son père se remette. Mais hélas, sans Orcëtii, l’espérance de vie d’un bateau était réduite de moitié. Il n’avait pu voir l’énorme créature qui avait arraché la moitié de la quille, laissant le bateau sombrer dans les profondeurs de l’océan. La totalité de l’équipage avec lui. La totalité ? Pas tout à fait. Aujourd’hui encore, Sandor ne sait par quel miracle il a réussi à survivre sur un radeau de fortune, dérivant au large jusqu’au jour où il avait été repêché, presque mort, par Elias. Cet homme qui l’avait soigné pendant des semaines, le temps que l’orphelin reprenne des forces et puisse lui être utile en devenant les bras les plus jeunes de ce nouveau navire.

Le temps avait fait son œuvre et à mesure que Sandor prenait de l’âge, il devenait meilleur. S’attirant la sympathie du capitaine Elias, il s’entichait du jeune homme à tel point qu’il en fit son second à un âge où l’on récure à peine le pont. Cette nouvelle place auprès d’Elias lui avait ouvert de nouvelles portes. Celles de Sarina. Fille d’Elias qui avait toujours observé de loin. Mais son œil attiré par cette présence et cet aura qu’elle dégageait. Très vite il s’était demandé si cette femme faisait vraiment partie des femmes fortes qui le laissaient dire qu’elles pouvaient être l’égal de l’homme. Ou si elle n’en donnait que l’impression. Et très vite, il avait eu sa réponse. Ensemble, ils formaient une équipe formidable. Tous deux développant leur stratégie ensemble. Continuant de grandir alors que leur amitié devenait plus forte. Cette femme et l’homme qui était son père devenant sa propre famille. Il voyait Elias comme le père qu’il avait perdu. Et Sarina comme cette sœur qu’il n’avait jamais eu.

Il devient capitaine à l’âge de vingt-trois ans. Prenant la place d’Elias après sa mort. Et c’est à l’aide de cette flotte et de ce bateau qui avait réussi à devenir la légende qu’il était. Ses hommes l’aimaient, car il était un capitaine juste et respecté. Son nom se murmurant dans les villes. Se propageant comme une traînait de poudre à travers tout Exodia. Son nom était dans toutes les bouches. Mais pas seulement parce qu’il était un pirate, ni parce qu’il était un grand explorateur en allant là où personne n’osaient s’aventurer sans risquer leur vie. Il était connu à présent pour être également le bras droit de la gouverneur Sarina. Fidèle dans tous les aspects de l’homme qu’il était. Cet homme qui avait sa propre façon de penser tout en sachant écouter celle des autres. Cet homme aussi doué une épée à la main que face à des discours politique auxquels Sarina le convoque. Cet homme mystérieux et aux multiples facettes. Cet homme sur lequel une rumeur circule. Une rumeur aux allures de légende. Qu’il ne doit sa survie que parce qu’il a été choisi par le dieu Océan.